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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 00:00

Avertissement: cet article n'est qu'une version préliminaire; il faut qu'il soit complété, notamment pour la période 1940-1943, jusqu'aux évènements d'Alger, avec la participation prédominante et décisive de Jean Monnet au service de FD Roosevelt pour organiser, planifier la livraison du Victory Program.

 

1938-1943 : trois hommes pour un même grand dessein ;
Franklin D. Roosevelt, Jean Monnet, Charles De Gaulle
La légende


Dans les livres d’histoire, on prétend que les visions du Général De Gaulle et celles de Franklin Delano Roosevelt étaient extrêmement, voire irréductiblement  éloignées des unes des autres.

 

Or, en fouillant dans les archives, on peut dénoter une identité de vue très étroite quant à la même vision du rôle que les Etats-Unis et la France, ces deux vieux compères, devaient jouer dans l'Histoire.

 

Vous qui lisez ces lignes en toute honnêteté et toute justice, elles pourront vous apparaître comme  découlant de sens mais elles vous deviendront pourtant troublantes de par leur capacité à mobiliser vos capacités individuelles pour intervenir dans l'histoire du monde.

 

Car nous avons à traiter devant l'Histoire le cas de trois hommes seulement qui ont définitivement modifié le cours de l'Histoire, du moins jusqu'à l'assassinat de leurs justes héritiers dans le courant des années 1960. Nous devrons également rendre justice à d'autres hommes qui n'ont eu de cesse, même dans des camps différents, de défendre cette indéfectible et inéluctable idée, celle de la France, celle de l'humanité.

En ce sens, le mémorandum adressé par le Colonel De Gaulle au Président Daladier le 26 Janvier 1940 est-il plein d'enseignements[1].

 

"     En réalité, et à moins d'une supériorité démesurée par rapport à l'ennemi, l'instrument militaire actuel n'a plus qu'une seule chance, savoir: la défensive. Il était tout à fait certain que ni l'un, ni l'autre des adversaires en présence sur le front occidental n'entreprendrait de faire hacher sa population virile dans des assauts à la façon de Verdun.

"     Cependant, en vertu de la loi de la nature suivant laquelle toute aptitude perdue par un organisme vivant est transférée à un autre, celle qui achève d'échapper aux masses devient l'apanage d'un système nouveau. Le moteur combattant restitue et multiplie les propriétés qui sont éternellement à la base de l'offensive. Agissant dans les trois dimensions, se déplaçant dans chacun des trois éléments plus vite qu'aucun être vivant, susceptible de porter des poids énormes sous forme d'armes ou de cuirasses, il occupe désormais un rang prépondérant des valeurs guerrières et s'offre à renouveler un art défaillant".

 

Nous rapportons ici les propos d'un colonel qui s'offusque de l'inanité des forces françaises en présence: à cette époque, Hitler est en train de ravager toutes les terres d'Europe Centrale en utilisant massivement des moyens terrestres, alors qu'il n'ose pas encore attaquer la France et la Grande-Bretagne du fait de la présence de la ligne Maginot.

 

N'ose t-il pas ? ou plutôt attend t-il la production effective d'un avion "surdoué" qui surpassera toutes les productions occidentales ?[2]

 

A l'époque de ce mémorandum, cela fait déjà quatorze mois que Daladier et Jean Monnet travaillent ensemble à la production efficace d'avions pour contrer cet autre avion dont on sait qu'il est dans les cartons de Messerschmitt, mais dont personne n'annonce la naissance, pas-même Goering.

 

Cette collaboration fut initiée et organisée par William C. Bullitt, ambassadeur des Etats-Unis en France, sur l'ordre de F.D. Roosevelt, Président des Etats-Unis.

 

Renverser l’avantage aérien nazi (1938-1940)

Dans ses mémoires[3], Jean Monnet rapporte l’inquiétude grandissante qui s’empare de l’Europe et des Etats-Unis à partir de 1935 vis à vis de la volonté nazie d’entrer en guerre. Suite à l’annonce qu’il reçoit de Foster Dulles en septembre 1935, concernant la signature des décrets contre les Juifs, il déclare :

 

     L’homme qui est capable de faire cela fera la guerre. L’esprit de discrimination et de domination ne connaît pas de limite. ”

En mars 1936, à New York, il rencontre l’ancien chancelier Brüning qui, à l’annonce de l’invasion de la Ruhr par Hitler, lui déclare :

“     Il faut que les Alliés entrent en Allemagne, sinon il y aura tôt ou tard la guerre. […] Si vous ne réagissez pas, Hitler se croira invincible et l’armée allemande sera persuadée qu’il a toujours raison. ”[4]

Et Jean Monnet de déclarer:

“     L’avis était sage, mais les choses allèrent autrement. Les Anglais ne voulurent pas agir – et les Français n’agissaient pas alors sans les Anglais. ”[5]

 

 

La Problématique

 

 

Néanmoins, Jean Monnet, dès Janvier 1938, observe que Daladier, qui jusqu’alors avait été incrédule des véritables intentions de Hitler, “  du jour où il [comprend] […] que Hitler ne  s’arrêtera jamais […] [met] toute sa détermination à préparer la défense ”et tente désespérément de rattraper le retard de la France en matière d’aviation, aidé en cela par Guy La Chambre, son jeune Ministre de l’Air.[6]


Parallèlement, un américain qui est également conscient de l’état d’impréparation des Alliés à l’orage qui s’annonce, va inciter Jean Monnet à prendre des actions décisives en vue de rattraper le retard des défenses aériennes. Il s’agit de William C. Bullitt, ambassadeur des Etats-Unis à Paris, qui se souvient de l’action décisive de Jean Monnet lors de la Première Guerre Mondiale, sur la réorganisation des forces maritimes.

 

Comme Jean Monnet et Edouard Daladier, Bullitt est particulièrement inquiet du déséquilibre entre les forces aériennes alliées et nazies, avec un net avantage, tant en quantité qu’en qualité, en faveur de ces dernières. Une action décisive doit donc être rapidement menée pour renforcer le potentiel aérien allié. Il convainc donc Jean Monnet de participer avec quelques autres à la rédaction d'un rapport qui paraît au printemps 1938 intitulé “ Note sur la création d’un potentiel industriel aéronautique à l’étranger, hors de portée des attaques ennemies ”[7]. Ce rapport restera lettre morte, jusqu’aux événements aboutissant à la ratification des Accords de Munich.


L’inquiétude de Bullitt est renforcée par les informations concordantes que lui communiquent Charles Lindbergh, lors d’un dîner qu’il donne en son ambassade le 9 août 1938, en compagnie également de Guy La Chambre. Lindbergh avait été encouragé par le Département d’Etat et le Département à la Guerre américains d’effectuer une tournée des pays européens, dans le but de “ rassembler toutes les données possibles quant aux forces comparées des grandes puissances ”, tel qu’il se l’était lui-même assigné.[8]


Lors de ce dîner, Lindbergh communique les informations qu’il rendra publiques le 9 septembre suivant. Après sa tournée qui l’a mené en URSS, en Tchécoslovaquie, en France et en Angleterre, il estime la capacité de production allemande de 500 à 800 avions par mois (soit 6000 à 9600 par an), celle de la France à 45 par mois (540 par an) et celle de l’Angleterre à environ 70 par mois (soit environ 840) par an.[9]


Mais, ce problème de quantité n’est pas le seul problème que doivent affronter les français et les britanniques : il y a également un problème de performances des avions construits, si on en juge le tableau comparatif suivant, par types d’avions entre la Luftwaffe, d’une part, et les Armées de l’Air française et britannique, d’autre part.

 

Types d’avions

Luftwaffe

Performances

France

Performances

Grande-Bretagne

Performances

Bombardier

Dornier Do 17/215/217

Vitesse max :
320 kt (515 km/h)

Altitude max :
7500 m

Rayon d’action :
2100 km

Capacité :
4 tonnes de bombes

 

 

Short Stirling

Vitesse max :
270 kt (435 km/h)

Altitude max :
5200 m

Rayon d’action :
950 km

Capacité :
6.4 tonnes de bombes

Bombardier

Focke-Wulf
Fw 200C Condor

Vitesse max :
224 kt (360 km/h)

Altitude max :
5800 m

Rayon d’action :
3550 km

Capacité :
2,1 tonnes de bombes

 

 

Armstrong  Whitworth Whitley

Vitesse max :
228 kt (367 km/h)

Altitude max :
5400 m

Rayon d’action :
2700 km

Capacité :
3,2 tonnes de bombes

Bombardier

Junkers
Ju 88

Vitesse max :
269 kt (433 km/h)

Altitude max :
8200 m

Rayon d’action :
2100 km

Capacité :
1,5 tonnes de bombes

Potez
633

Version bombardier du Potez 631.
Capacités ( ? )

Bristol
Beaufort

Vitesse max :
260 kt (418 km/h)

Altitude max :
5000 m

Rayon d’action :
2600 km

Capacité :
900kg de bombes ou
1 torpille

Bombardier

Heinkel
He 111

Vitesse max :
273 kt (440 km/h)

Altitude max :
6500 m

Rayon d’action :
2300 km

Capacité :
2 tonnes de bombes ou 2 torpilles

 

 

Vickers Wellington

Vitesse max :
255 kt (410 km/h)

Altitude max :
5600 m

Rayon d’action :
2500 km

Capacité :
2 tonnes de bombes

 

 

 

 

 

Handley Page Hamden

Vitesse max :
254 kt (410 km/h)

Altitude max :
5600 m

Rayon d’action :
1800 km

Capacité :
2,2 tonnes de bombes ou
1 torpille et
450 kg de bombes

Bombardier

 

 

 

 

Bristol
Blenheim

Vitesse max :
266 kt (428 km/h)

Altitude max :
9600 m

Rayon d’action :
3100 km

Capacité :
450kg de bombes

Support au Sol

Henschel
Hs 123

Vitesse max :
214 kt (345 km/h)

Altitude max :
9000m

Rayon d’action :
850 km

Capacité :
2 canons 20mm ou
4 bombes de 50kg

 

 

 

 

Support au sol

Junkers
Ju 87 “ Stuka ”

Vitesse max :
242 kt (390 km/h)

Altitude max :
8000 m

Rayon d’action :
600 km

Capacité :
1 bombe 500kg et
4 bombes 50kg

 

 

Bristol
Blenheim

Vitesse max :
266 kt (428 km/h)

Altitude max :
9600 m

Rayon d’action :
3100 km

Capacité :
450kg de bombes

Chasseur

Messerschmitt
BF-109

Vitesse max :
387 kt (630 km/h)

Altitude max :
11600 m

Rayon d’action :
700 km

Capacité :
2 canons 13mm
3 canons 20mm

 

 

Spitfire IA

Vitesse max :
408 kt (660 km/h)

Altitude max :
13400 m

Rayon d’action :
1060 km

Capacité :
2 canons 20mm
4 canons .303
plus
450 kg de bombes

 

 

 

Dewoitine
D.520

Vitesse max :
329 kt (529 km/h)

Altitude max :
11000 m

Rayon d’action :
1250 km

Capacité :
4 canons 7.5mm
1 canon    20mm

Gloster
Gladiator





Rq : biplan

Vitesse max :
253 kt (407 km/h)

Altitude max :
10000 m

Rayon d’action :
700 km

Capacité :
4 canons .303

 

 

 

Morane-Saulnier
MS406

Vitesse max :
302 kt (486 km/h)

Altitude max :
9400 m

Rayon d’action :
800 km

Capacité :
2 canons 7.5mm
1 canon    20mm

Hawker
Hurricane

Vitesse max :
318 kt (512 km/h)

Altitude max :
10980 m

Rayon d’action :
740 km

Capacité :
8 canons .303

 

 

 

Potez
631

Vitesse max :
273 kt (439 km/h)

Altitude max :
10000 m

Rayon d’action :
1000 km

Capacité :
8 canons 7.5mm
2 canon    20mm

Fairey
Battle

Vitesse max :
241 kt (388 km/h)

Altitude max :
7600 m

Rayon d’action :
1500 km

Capacité :
2 canons .303
450 kg de bombes

Chasseur
(soutien aérien)

Messerschmitt
BF110





Rq : fortement armé mais vulnérable car peu manœuvrable. Servira essentiellement aux missions nocturnes pour soutien et/ou attaque de bombardiers

Vitesse max :
342 kt (555 km/h)

Altitude max :
8000 m

Rayon d’action :
2100 km

Capacité :
2 canons 7,92mm
4 canons 20mm
2 canons 30mm

 

 

Bristol
Beaufighter





Rq : polyvalent, sera utilisé de nuit contre la Luftwaffe pendant le Blitz et sera utilisé comme chasseur d’attaque contre navires

Vitesse max :
312 kt (502 km/h)

Altitude max :
8000 m

Rayon d’action :
2500 km

Capacité :
4 canons de 20mm
7 canons .303

Plus
900kg de bombes et
8 rockets
1 torpille

Chasseur
(soutien aérien)

Messerschmitt
Me 210 “ Hornisse ”





Rq : destiné à remplacer le BF110, mais mal conçu, sera retiré en avril 1942

Vitesse max :
385 kt (620 km/h)

Altitude max :
10000 m

Rayon d’action :
2330 km

Capacité :
2 canons 7,92mm
2 canons 13mm
2 canons 20mm

 

 

 

 

Attaque Marine

 

 

 

 

Fairey
Swordfish





Rq : hydravion biplan

Vitesse max :
139 kt (224 km/h)

Altitude max :
3700 m

Rayon d’action :
900 km

Capacité :
2 canons .303
plus
680 kg de bombes ou 1 torpille

 

 

 

 

 

Short Sunderland





Rq : hydravion biplan
soutien convois maritimes – guerre sous-marine

Vitesse max :
213 kt (343 km/h)

Altitude max :
5500 m

Rayon d’action :
4800 km

Capacité :
10 canons .303
2 canons .50
plus
900 kg de

 

 

 

L’analyse brute de ce tableau montre que, si sur l’ensemble, des modèles en compétition, les avions alignés par les Alliés présentent des qualités équivalentes aux avions de la Luftwaffe, voire légèrement supérieures, surtout du côté britannique, l’infériorité est flagrante quant à la qualité des chasseurs. Là où à cette époque, les Alliés alignent sept types d’avion, les allemands n’en alignent qu’un seul, le Messerschmitt BF-109, mais avec des performances surpassant celles de tous les modèles alignés par les Alliés, excepté un, le légendaire “ Spitfire ” qui à l’époque n’en est encore qu’à la phase d’essais en vol, accusant un retard de plus de deux ans sur le développement de son concurrent immédiat.

 

Ajoutons à cela que le fait de ne disposer que d’un seul type de chasseurs, donne un avantage supplémentaire aux allemands en coûts de maintenance et en termes de disponibilité : un pilote allemand abattu peut être immédiatement  opérationnel en montant sur un appareil du même type, ce qui n’est pas le cas des pilotes alliés abattus qui doivent subir un temps de formation sur un autre type d’appareil, ceci étant le cas le plus probable, vu la multiplicité des modèles et de ce que l’on croit alors être une infériorité flagrante de capacité de production. Hors qui a l’avantage de la Chasse, a la maitrise des airs.

 

 

Où l'on conçoit des solutions

 


Evidemment, les négociations qui vont s’engager sont basées sur les idées avancées dans le rapport du printemps, aboutissement des pensées des trois complices que sont Bullitt, Jean Monnet et Guy La Chambre. Aussi, déjà, alors que Daladier se trouvait à Munich, avait-il câblé à Roosevelt le compte-rendu d’une conversation qu’il avait eu avec Guy La Chambre :

 

"   La Chambre a proposé l'établissement de vastes usines françaises au Canada, si possible juste en face de Detroit ou de Buffalo de façon à ce que des travailleurs américains y vivant puissent être facilement utilisés."

[10]


Le plan exigeant évidemment l’exportation depuis les Etats-Unis vers le Canada de nombre de machines-outils, de pièces mécaniques et d’instruments, Bullitt rapporte, dans le même télégramme, les inquiétudes de La Chambre :

 

     Le ministre français de l’Air a voulu savoir jusqu’à quel point ces exportations seraient possibles, sans violer les dispositions du Neutrality Act ”

.[11]

 

Le 13 octobre, alors qu’il est aux Etats-Unis pour prendre des congés bien mérités, Bullitt se rend à Hyde Park, New-York, dans la résidence de la famille Roosevelt, pour rendre compte au Président de la situation désespérée en Europe, s’appuyant très fortement sur les estimations de Lindbergh.

 

Le 14 au matin, lors d’une conférence de presse, FDR avoue avoir été fortement perturbé par la situation européenne, l’empêchant de dormir jusque tard dans la soirée. Il assure alors qu’il doit repousser sine die l’annonce du plan budgétaire[12]


“     du fait que les nouveaux développements […] exigent de reconsidérer complètement les questions de défense nationale. ”

Quand on lui demande si il a l’intention d’établir de nouveau une organisation similaire au War Industries Board de 1918, il répond qu’il n’est pas encore concerné par les détails de la machinerie à mettre en place, mais

 

“     Ce que je fais maintenant, c’est étudier un plan qui permette de satisfaire les besoins dans le contexte mondial plutôt nouveau. ”

[13]


C’est ainsi que le 13 octobre Jean Monnet reçoit à Paris un coup de téléphone de son ami Bullitt, lui enjoignant de se rendre le plus vite possible aux Etats-Unis pour rencontrer le Président avec la plus grande discrétion. Jean Monnet arrive à New-York le 19 octobre et se rend directement à Hyde Park où FDR le reçoit. En arrivant, Monnet, qui vient en tant que responsable d’une mission strictement française d’achat d’avions, est impressionné par la vivacité d’esprit de son hôte :

 

“     Roosevelt voyait les Etats-Unis par rapport au Monde et, à ses yeux, les périls qui s’accumulaient sur l’Europe mettaient en danger la démocratie dans le nouveau comme dans l’ancien continent. C’est pourquoi il accueillait un français dont il savait peu de choses, mais la seule qu’il lui importait : cet étranger venait avec des idées sur la manière de résister ensemble à l’adversaire commun. ”

[14]


En fait, il fait venir Jean Monnet pour trouver les moyens de contourner l’embargo imposé par le Neutrality Act, si celui-ci venait à ne pas être levé.

 

“     Nous estimons [ajouta FDR] que les allemands peuvent sortir 40.000 appareils par an, la Grande-Bretagne avec le Canada 25.000 et la France 15.000. Les 20 à 30.000 avions supplémentaires qui assureront la supériorité décisive sur l’Allemagne et l’Italie doivent être trouvés ici, aux Etats-Unis. ”

 

Quand ils en vinrent à aborder la question du contournement du Neutrality Act, dans le cas d’hostilités déclarées, FDR, reprenant les idées de La Chambre précisa :

 

“     Trois usines pourraient être construites, chacune travaillant avec trois équipes de huit heures, ce qui permettrait une production de cinq mille appareils par an. En ce qui concerne l’embargo, il y a une manière de le tourner, c’est de situer au Canada les usines de montage. ”

 

Et de montrer sur une carte qu’il dessine les futurs emplacements de ces usines dans la région de Montréal. A la fin de la rencontre, FDR prie Bullitt et Jean Monnet d’aller rencontrer Morgenthau à Washington pour discuter des détails financiers, car est-ce ainsi que pensent ces trois hommes : il faut faire le job, le fric, on s’en arrangera ! Donc, quand Jean Monnet annonce une première commande de 1500 avions pour un montant qu’il évalue à 85 millions de dollars américains, Morgenthau s’étouffe et réplique :

 

“     D’après ce que je sais, […] il est absolument impossible à votre gouvernement de trouver ces devises dans ses comptes extérieurs en une année. ”

 

Devant cet argument massue, Bullitt a une très bonne réaction et évoque

 

“ les quatre milliards d’or qui ont fui la France depuis quatre ans et dont une partie doit bien être aux Etats-Unis, et le gouvernement américain pourrait nous aider à retrouver ces fonds, dans le cadre de l’accord tripartite de 1936, si vous [le gouvernement français] décrétez le contrôle des changes et la déclaration des avoirs à l’étranger ”


De fait, dans les jours suivants, l’administration américaine procéda à des évaluations qui constatèrent la présence d’environ un milliard de francs-or aux Etats-Unis dont environ la moitié à titre illégal, soit 500 millions de francs-or, soit encore environ 6 fois le chiffre annoncé par Jean Monnet : il devenait évident qu’en saisissant le plus légalement possible cet argent, la France se trouvait largement en état de couvrir ses achats.

 

C’est en étant conscient de ces choses que Edouard Daladier se rend à Munich.[15]


Jean Monnet rapporte dans ces Mémoires :

 

“     A peine rentré de cette conférence dont il avait souffert toute l’humiliation, et qui n’était pas pour lui ce soulagement que ressentirent tant de ses concitoyens, Daladier me convia à déjeuner avec Guy La Chambre et Bullitt. [Il déclara :] Si j’avais eu trois ou quatre mille avions, il n’y aurait pas eu de Munich. […] Ce 3 octobre 1938, le Président du Conseil était décidé à m’envoyer d’urgence parler à Roosevelt. ”

 

Aussitôt, Bullitt, comprenant l’ouverture qui se fait jour, câble au Président Roosevelt :

 

“     [Daladier a] complètement réalisé [que les accords de Munich] ont été une défaite diplomatique immense pour les français et les britanniques. […] Daladier a prédit une situation fatale dans un délai d’un an à moins que la France ne recouvre un esprit d’unité nationale. ”

[16]


Et d’ajouter :

 

“     La situation est si grave que je dois vous la décrire de vive voix. L’homme qualifié pour traiter cette question d’avions est Jean Monnet, un ami intime de longue date en qui j’ai confiance comme un frère. ”

[17]

 

 

Que devient le Canada dans cette affaire ?


Il est clair que dans le contexte de l’isolationnisme ambiant régnant à Washington, le simple fait que le gouvernement français veuille acheter les avions du dernier développement et que le gouvernement américain favorise cette demande est potentiellement politiquement explosif. Aussi bien Roosevelt que Monnet tiennent à ce que cette affaire reste secrète le plus longtemps possible, le temps au moins pour Roosevelt de se débarrasser du Neutrality Act, ce qui passe par une longue campagne de persuasion auprès de ses concitoyens.

 

Néanmoins, pour assurer le succès de l’affaire, au moins pour ses aspects concernant l’installation d’usines dans la région de Montréal, il doit informer le premier canadien, William Lyon Mackenzie King[18], ainsi que son suzerain, le premier ministre britannique Neville Chamberlain.

 

Pour cette mission d’information, il convoque son ami Arthur Murray, un membre écossais de l’establishment britannique, qui était l’attaché aux affaires maritimes de l’ambassade britannique à Washington quand FDR était lui-même  secrétaire de l’US Navy.

 

Il lui passe le message suivant qu’il doit transmettre de vive voix à Neville Chamberlain, et seulement celui-ci.

 

“     Dans le cas d'une guerre avec les dictateurs, [Chamberlain devrait compter] sur les ressources industrielles de la nation américaine, [] dans la mesure où le Président pourra le permettre. ”

 

Mais, dans la même foulée, l'ambassadeur américain à Londres, Joseph P. Kennedy, fait une bévue mémorable.

 

Alors que le New York Times daté du jeudi 20 octobre 1938, rend compte d'une rencontre entre Bullitt et FDR, à Hyde Park, le 19 octobre 1938, le jour-même où Jean Monnet a rencontré FDR pour la première fois, (Bullitt Visit to Rosevelt Stimulates Talk of Debt Accord between US and France), le même journal dans la première colonne à droite de cet article, titre sur "Kennedy for amity with fascist bloc".

 

Dans cet article, Joseph P. Kennedy est cité pour avoir prononcé le discours suivant devant la Navy League britannique, pour son dîner annuel en mémoire de la mémorable Victoire de Trafalgar, dîner auquel on invite pour la première fois un ambassadeur américain.

 

“     Il est vrai que les pays démocratiques et dictatoriaux ont des divergences d'apparence fondamentales dont certaines touchent à des sujets plus profonds que la politique. [] Mais il est tout simplement un non sens, que celui-ci relève du bon sens ou de tout autre, que de laisser croître ces antagonismes inflexibles. Après tout, nous devons vivre ensemble dans le même monde, que nous l'aimions ou pas. ”

 

Cette déclaration, reportée provenant du plus haut niveau, va insinuer l'idée dans l'esprit du "forgotten man" que finalement, FDR , ne sait pas ce qu'il veut… d'autant qu'on est en pleine campagne pour la réélection.

 

Mais continuons l'analyse faite par le New York Times (l'article en question n'a pas été signé):

 

Dans le même discours, JP Kennedy, non obstant le fait que les Etats-Unis sont en train de s'armer à un taux jamais atteint en temps de paix dans leur histoire, a plaidé, au nom du peuple américain, pour une action internationale pour terminer la course aux armement

 

"   qui menace à plus ou moins grande échéance de nous enfermer tous dans un désastre majeur".

 

Dans une deuxième partie de son discours, quelques minutes après, JP Kennedy rappelle à ses auditeurs que les Etats-Unis ont dépensé cette année un milliard de dollars pour le développement de sa flotte et il les enjoint à comprendre la nécessité de construire une flotte marchande en appui de cette force navale renforcée. En reconnaissant qu'il y aurait un sens économique pour les américains d'abandonner la tentative de maintenir leur propre marine marchande, et de laisser les Britanniques en développer une pour eux, il a exprimé le regret que le monde

 

"n'était pas organisé sur une base purement économique".

 

Le New York Times, daté du lendemain, vendredi, 21 octobre 1938, a beau statué sur un communiqué fait par le Secrétaire d'Etat, Cordell Hull, au sujet de la communication de JP Kennedy la veille, et reconnaissant à l'ambassadeur une liberté de parole dont rien n'était ignorée par le gouvernement américain, il n'en reste pas moins vrai que le New York Times, dans l'édition du même jour, dans la colonne immédiatement  à droite, titre sur la "satisfaction à Londres":

 

      Le discours de l'ambassadeur des Etats-Unis, JP Kennedy, à la Navy League a donné entière satisfaction à l'éditorial du [London] Times qui dit:

 

“     On pourrait spécialement commenter ce discours à ceux qui ont essayé, au travers d'extraits soigneusement sélectionnés dans la presse des Etats-Unis, de montrer que les évènements récents ont créé une opinion à l'étranger selon laquelle une Angleterre décadente est conduite pas à pas à l'abdication de son rang au sein des grandes puissances.

      Mr. Kennedy a réaffirmé une sereine confiance dans la résolution des nations de mêmes idéaux, ce qui est maintenant traditionnel, la foi en la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, comme garants complémentaires mais encore indépendants de la paix du monde. Puisqu'il parlait à l'occasion d'un anniversaire naval, il a prêté une attention particulière à la fonction des deux flottes qui ont réussi une collaboration inégalée dans l'histoire."

 

Ou comment l'on ment: alors que Jean Monnet essaye désespérément de s'attacher les services d'une armée d'avions, Londres répond: "Business, as usual !".

 

Autant dire tout de suite que les usines au Canada n'ont jamais été construites: on dénote ainsi dans les faits une collusion entre les Britanniques et les élites de la Nouvelle Angleterre, dont JP Kennedy n'est qu'un servile valet, de faire en sorte qu'une guerre éclate sur l'Europe continentale, en soutenant de facto les régimes fascistes. Cette attiutde ne sera modifiée que lorsque de la boîte de Pandore émergera la menace de la disparition de l'Angleterre, encore à cette époque, le seul centre industriel de tout l'Empire Britannique, les colonies étant utilisées à seules fins de production des matières premières nécessaires à l'industrie et de consommation des produits de cette industrie. Ce n'est qu'à partir du moment où l'existence de l'Angleterre est véritablement menacée que s'amorce enfin le processus d'industrialisation du Canada, cent cinquante ans après la République libre des Etats-Unis.

 

La mise en marche du potentiel américain


Après que Roosevelt se fût débarrassé du Neutrality Act le 4 novembre 1939, il chargea son conseiller Harry L. Hopkins d’organiser une politique d’approvisionnement des puissances alliées en matériel militaire américain, sans que leur budget en souffre outre mesure, celui-ci étant par ailleurs déjà fortement grevé par leur effort de guerre.

 

Malgré la très forte opposition des représentants et des sénateurs isolationnistes réunis au sein du comité America First!, le Congrés ratifie, en mars 1941, le Lend-Lease Act qui accorde les pleins pouvoirs au Président pour livrer “ tout matériel militaire[19] à tout pays dont la défense est considérée, par le Président, vitale pour la Défense des Etats-Unis ”. La contrepartie est prévue être soit une vente directe, des transferts de titre, soit des échanges, soit des baux de location de matériel, soit des prêts ou tout autre moyen, la seule première limite étant un plafond de 1.000.000 US $ pour chaque pays[20].


La gestion de cette politique est confiée à une nouvelle agence gouvernementale, la Office of Lend-Lease Administration, créée en octobre 1941 et placée sous la responsabilité de l’Agence Economique pour l’Etranger (Foreign Economic Agency). En 1943, l’office sera tranféré au Département d’Etat.


La souplesse de cette loi, permet à FDR d’accorder des prêts à des pays considérés comme potentiellement ennemis en temps de paix, au premier rang d’entre eux, l’URSS, à partir de juin 1941 après la rupture par Hitler de l’accord germano-soviétique.

 

En plus des trois principaux bénéficiaires de cette aide, à savoir le Royaume-Uni, l’URSS et la Chine, 35 pays reçurent une aide de ce type.

 

Les négociations pour la planification des remboursements par les nations bénéficiaires démarrèrent juste après la signature des traités de paix, et les remboursements furent complets à la fin des années 60, excepté en ce qui concerne l’URSS.[21]


Concernant le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la France Libre, la réciprocité fut assurée par la mise à disposition d’assistance matérielle aux troupes américaines stationnées sur les territoires contrôlés par ces pays, ceci étant ratifié au travers d’un Reciprocal Aid Agreement (Accord d’Aide Réciproque).


La Volonté de De Gaulle: La mobilisation économique en temps de guerre

 

On pourrait comprendre que les intérêts de Charles de Gaulle aient été annihilés par l'action de ces hommes. Point n'en faut, et au contraire, je souhaite continuer par les soucis que Charles de Gaulle exprimait dès 1934. Pour la suite, nous nous repérerons continuellement à ce mémorandum du Colonel de Gaulle adressé à la "politicaille" ambiante.

 

Dès le 1er janvier 1934, dans la Revue Militaire Française, Charles De Gaulle fait paraître un article intitulé "Mobilisation Economique à l’étranger" dans lequel il étudie de très près les mécanismes institutionnels mis en place pour transformer une industrie de paix en une industrie de guerre efficace, dans des temps très courts. Il analyse ainsi les avantages et les inconvénients des systèmes mis en place aux Etats-Unis, en Italie et en Belgique, trois pays de structures et capacités économiques différentes et trois pays dans des situations stratégiques extrêmement divergentes.


 

Les Etats-Unis pourvus de vastes étendues, de ressources en matières premières pratiquement illimitées avec en prime l’économie la plus avancée à cette époque, et jouissant d’un régime de liberté pratiquement inégalée.

 

L’Italie avec peu de ressources en matières premières et une industrie beaucoup plus faible que dans les autres nations, mais avec la réalité d’une autorité absolue, sous la forme du fascisme.

 

La Belgique, un tout petit pays avec de grands voisins, dont un, à cette époque particulièrement inquiétant, mais équipé d’importants capacités portuaires lui permettant de s’approvisionner en grandes quantités auprès de puissants alliés.

Si on ne peut trouver une conclusion à cet article en termes de recommandations pratiques à émettre pour la France, l’introduction, devant l’absence d’une telle préparation du pays à une nouvelle situation belliqueuse en Europe, est particulièrement éloquente. Charles de Gaulle y écrit :

 

   La substitution de la guerre des peuples à celle des armées est devenue comme un axiome. Nul ne doute plus que, désormais, chaque belligérant puisse se trouver à engager dans la lutte toutes ses forces de toute nature. Politiques, militaires, hommes d’affaires, publicistes proclament à l’envi que la défense nationale est aujourd’hui totale et que pour l’assurer, il est nécessaire de préparer la mise en œuvre de toutes les ressources du pays.

 

      Mais, universellement admise en principe, une telle préparation ne s’en heurte pas moins à beaucoup de difficultés. La dimension des problèmes à résoudre, leur complexité, le fait que la plupart impliquent le concours d’activités diverses, enfin et surtout, le caractère qu’ils ont d’être éventuels et de trouver les chantiers toujours encombrés d’affaires en apparence plus pressantes, pèsent lourdement en temps de paix, sur les dispositions qui concernent la mobilisation nationale. ”

 

Pour ce qui concerne les Etats-Unis, objet ici notre propos, il prend en exemple les institutions mises en place au travers du National Defense Act[22], en date du 4 juin 1920.


National Defense Act


Cette loi, régissant en fait le fonctionnement général de l’Armée américaine, apparaît dans sa présentation, comme un amendement à la loi, en date du 3 juin 1916 et intitulée “ une loi pour assurer un approvisionnement continu et plus efficace de la Défense Nationale et autres fins ”.


Hors, cette loi s’est avérée dans les faits un énorme fiasco, du fait de l’impréparation totale de son industrie dans le contexte d’un fort sentiment isolationniste[23]. Si les Etats-Unis ont énormément investi dans leur effort de guerre, il n’en reste pas moins vrai qu’aucun tank, canon ou avion fabriqué aux Etats-Unis n’a effectivement servi sur les champs de bataille européens.

 

Pour éviter la répétition d’une telle gabegie, les Etats-Unis, au travers de cette loi du 4 juin 1920, visent à intégrer les moyens de décision, de formation, d’approvisionnement des entreprises industrielles au système militaire.

De façon à endiguer la concurrence entre trois sous-secrétaires à la guerre qui a tant nui entre 1916a section 5a de la loi citée en référence, simplifie l’organisation du Secrétariat à la Guerre, en remplaçant trois anciens de poste de Sous-Secrétaires à la Guerre par un seul, chargé des questions de l’approvisionnement des fournitures militaires. Elle stipule ainsi explicitement :

 

“     Sous la direction du Secrétaire d’Etat à la Guerre, les responsables des branches de l’Armée en charge de l’approvisionnement des fournitures de l’Armée doivent rendre compte directement au Sous-Secrétaire à la Guerre, ce concernant tous les aspects de l’approvisionnement militaire. Il doit ordonner dans les Arsenaux Nationaux ou dans les Usines de propriété gouvernementale la fabrication ou la production de ces fournitures ou articles, demandés par le Département à la Guerre, dés lors que les dits arsenaux et usines sont en mesure de les fabriquer ou de les produire au moindre coût. Et toutes les affectations budgétaires nécessaires à la fabrication de matériel dans le cadre des projets approuvés, et qui sont attribués aux arsenaux et usines nationales, ou aux autres établissements d’intendance doivent rester disponibles jusqu’à la fin de l’année fiscale suivante. ”

 

Le Sous-Secrétaire à la Guerre se voit attribués des moyens qui comprennent la création d’institutions ad hoc chargées de la préparation à la guerre des entreprises industrielles ainsi que la redéfinition des missions ou de l’organisation d’institutions préexistantes. Ces institutions sont placées sous la responsabilité directe du Sous-Secrétaire à la Guerre (Assistant Secretary of War), agissant sous l’autorité du Secrétaire d’Etat à la Guerre. Ces institutions sont au nombre de sept :

1.     Quartermaster Corps (section 9), redéfinition des missions, chargé des approvisionnements en fournitures communes à deux armes au moins, ceci couvrant la fourniture de la nourriture, de l’eau, de l’habillement et de toutes les installations (immobilières) militaires, en-dehors des fortifications, la fourniture des moyens nécessaires au transport des troupes et de leurs fournitures par terre ou par mer ;

2.     Medical Department (section 10) chargé de la santé de tous les personnels ;

3.     Corps of engineers(section 11), chargé des travaux d’infrastructure canaux, routes, chemins de fer, tant civiles que militaires, de la construction des fortifications, et de la cartographie (http://www.usace.army.mil).

4.     Ordnance Department (section 12), chargé des questions relatives à l’intendance ;

5.     Chemical Warfare Service(section 12a), créé, chargé du développement et de l’approvisionnement de toutes les armes chimiques, y compris les bombes incendiaires ou les gaz toxiques, ainsi que de la formation des personnels militaires à l’utilisation de telles armes ;

6.     Signal Corps (section 13), chargé des liaisons, y compris le développement,  la fabrication et l’approvisionnement en moyens radio-électroniques de détection (radars) et de surveillance ;

7.     Air Service (section 13a), créé, chargé de l’industrie aéronautique ; à sa création, ce service définit en fait toute l’Armée de l’Air des Etats-Unis. Ce service est une excroissance du Air Service Sectioncréé en 1914, section du Signal Corps. En 1926, il deviendra le Air Corps, puis, pendant la Deuxième Guerre Mondiale, l’US Air Forces ( http://www.wpafb.af.mil) .


C’est sur cette organisation renouvelée que pourra compter FDR, quand il s’agira de lancer le Victory Program après le désastre de Pearl Harbor le 7 décembre 1941.



[1]     Mémorandum adressé par le colonel Charles de Gaulle aux généraux Gamelin, Weygand et Georges et à MM. Daladier, Blum et Reynaud, le 26 janvier 1940 intitulé "L'Avènement de la Force Mécanique", en regard de la force brutale déployée par les armées allemandes lors de leur campagne de Pologne. Ce texte insiste sur la capacité de déploiement des armes blindées dès lors qu'elles sont soutenues par une force d'attaque depuis les airs.

Colonel en 1937, il est nommé à la tête du 507e régiment de chars de combat à Metz. Lors de la déclaration de guerre de la France et l'Angleterre à l'Allemagne le 3 septembre 1939, le colonel de Gaulle est nommé commandant des chars de la Ve Armée.

       Affecté au commandement de la 4e division cuirassée en formation, de Gaulle s'illustre à Montcornet, à Laon, et arrête les Allemands à Abbeville (27-30 mai 1940).

[2]     Ajoutons ici que Gudurian, l'envahisseur de la Belgique et de la France, lui, a lu tous les écrits de Charles de Gaulle et les met en pratique. Le seul à pouvoir opposer une résistance efficace aux divisions blindées allemandes n'est autre que le Colonel de Gaulle.

      

[3]     Mémoires, Jean Monnet, 1976, Fayard, Paris, p.137

[4]     Jean Monnet, op.cit.

[5]     Jean Monnet, op.cit.

[6]     Jean Monnet, op.cit., p.138

[7]     Jean Monnet, op.cit., p.138. 

[8]     FDR in the Storm, 1937-1940, Kenneth S.Davis, 1993, Random House, New-York, pp. 348-349

[9]     Kenneth S.Davis, op.cit., p.349. On sait maintenant que l’Allemagne a produit en tout 7500 avions dont seulement 3300 avions de guerre. En 1939, elle en produira 4733, ce qui porte à seulement 8033 le nombre d’avions de guerre fabriqués par l’armée nazie durant ces deux années. A titre de comparaison, la Grande-Bretagne en produit finalement 2827 en 1938 et un peu moins de 8000 en 1939, soit un total d’environ 10500 sur les deux mêmes années.

[10]   Kenneth S.Davis, op.cit., p.353

[11]   Entre le 31 août 1935, le 1er mai 1937, le dd mmm 1937, le Congrès américain a passé trois Neutrality Acts (lois sur la neutralité) pour essayer de préserver les Etats-Unis d’entrer en guerre, en rendant illégaux la vente et le transport d’armes, ou de tout autre matériel militaire, à destination de nations en guerre par des personnes américaines, que ces personnes soient physiques ou morales. Les partisans de la neutralité, appelés les isolationnistes, par leurs opposants, réunis sous la bannière de l’organisation America First !, soutenaient que l’Amérique ne devait pas se compromettre elle-même dans les guerres européennes. Les internationalistes rejetaient l’idée selon laquelle les Etats-Unis pouvaient rester à l’écart de l’Europe et soutenaient que la nation devait aider les pays menacés d’agression (cf. discours au Congrès de FDR le 16/05/1940).

       Au printemps 1939, alors que l’Allemagne, l’Italie et le Japon poursuivaient leurs opérations militaires en Tchécoslovaquie, en Ethiopie et en Chine, le Président Roosevelt voulait plus de souplesse pour relever le défi fasciste. FDR suggéra d’amender la loi de façon à permettre aux nations en guerre d’acheter des munitions à condition qu’ils les paient et les transportent à leur frais sur des navires non américains, une politique qui favorisait la France et la Grande Bretagne. A cette époque, la proposition fut repoussée par le Congrès, mais après que l’Allemagne eût envahi la Pologne en Septembre 1939, avec l’entrée en guerre de la France et de la Grande-Bretagne, le Congrès amenda le Neutrality Act le 4 novembre 1939 sur une base de cash & carry, basé sur la proposition de FDR du printemps, supprimant du même coup la réalité de l’embargo sur les armes.

[12]   Kenneth S.Davis, op.cit., pp.353-354

[13]   Le New York Times daté du samedi 15 octobre 1938 rapporte: "Le Président Roosevelt a déclaré ce jour qu'il a ordonné une recherche sur les exigences de la Défense Nationale, y compris l'adéquation des capacités [industrielles] existantes et les possibilités de production d'armes en masses et [autres] équipements et a indiqué que l'on devrait s'attendre à des dépenses fortement augmentées pour l'armée et la marine. Le Président a "électrifié" une conférence de presse avec le rapport d'informations et d'évènements du mois dernier qui ont finalement amené à reconsidérer complètement l'étude des défenses de la nation menée pour l'année dernière. Les résultats de cette enquête seront rapportées au Congrès le 3 janvier prochain (discours sur l'Etat de l'Union, rapporté dans le New York Times du 5 janvier 1939)".

[14]   Jean Monnet, op.cit., p.140

[15]   Les accords de Munich sont signés par Edouard Daladier, Neville Chamberlain, Mussolini et Hitler le 29 septembre 1938. Les accords de Munich satisfont les revendications de Hitler sur le pays sudète, région tchécoslovaque de langue allemande, le chancelier nazi soutenant l’existence d’une soi-disant discrimination des autorités tchécoslovaques envers cette minorité et le déni de son droit l’autodétermination. Partant de négociations qui ont débuté en août de la même année, la rétrocession du pays sudète à l’Allemagne avait déjà été acceptée par les diverses parties en présence. Les accords entrent en application le 1er octobre 1938 avec l’évacuation par les forces tchécoslovaques de quatre districts déterminés avec leur remplacement par les forces allemandes dans un délai d’une semaine. Le cas de territoires additionnels de langue allemande majoritaire devra être examiné par une commission internationale composé de représentants français, britanniques, tchécoslovaques, italiens et allemands. La commission internationale avait aussi pour mission d’organiser des élections dans les territoires retenus. En annexe aux accords de Munich, la France et la Grande-Bretagne se portèrent garants des nouvelles frontières tchécoslovaques contre une agression nazie… ce que Hitler fit en mars 1939.

[16]   Kenneth S.Davis, op.cit., p.353

[17]   Jean Monnet, op.cit., p.139

[18] Une chose amusante à noter : l’existence dans l’histoire canadienne d’un héros du nom de Mackenzie et de prénoms William Lyon.

[19]   L’acte parle en fait de defense article, ce qui inclut également la fourniture de besoins vitaux (nourriture, vetements, énergie, etc.)

[20]   Dans les faits, en Août 1945, à la fin de la guerre, le montant total de ces aides s’élevait à environ 48 milliards de dollars avec un retour de plus de 6 milliards de dollars déjà effectué.

[21] Seulement un tiers du montant des aides accordées à l’URSS furent effectivement remboursées. En 1972, les Etats-Unis acceptèrent une offre de l’URSS un versement d’annuités jusqu’en 2001 d’un montant total de 722 millions de dollars comme solde de tout compte.

[22]Chap.227, pp. 759-812, in Vol. XLI, part 1 of “ The statutes at large of the United States of America from May, 1919 to March, 1921, Concurrent Resolutions of the two Houses of the Congress and recent treaties, conventions, and Executive Proclamations Amendment to the Constitutions ”, Government Printing Office, Washington D.C., 1921

[23]   Le 7 mai 1915, un sous-marin allemand attaqua le paquebot Lusitania, tuant plus de mille personnes, dont 128 américains. Washington condamna alors les attaques dont les navires américains étaient de plus en plus souvent l’objet. Cette protestation conduisit alors à un répit certain dans l’escalade des provocations allemandes. Ainsi, le Président Woodrow Wilson, jouant sur la fibre isolationniste des Américains gagna en 1916 sa réélection avec le slogan “ He Kept Us Out of War ” (littéralement, Il nous a préservés de la Guerre).

Sous l’influence de son isolationnisme il demande en décembre 1916 aux puissances et de l’Entente Cordiale et de l’Alliance Continentale les préconditions que chaque partie entend voir respecter en vue de la conclusion d’un accord de paix. Le 22 janvier 1917, dans une allocution au Sénat, il appelle à une “ paix sans vainqueur ”. Mais il est persuadé que l’Allemagne a indûment violé la Belgique qui s’était déclarée neutre et que ses attaques sous-marines contre les intérêts américains sont tout à fait injustifiées. Ce fait exclut de facto l’Allemagne d’une union de puissances égales entre elles qu’il appelle par ailleurs de ses vœux pour mettre fin à la guerre.

L’Allemagne comprend alors que la précédente proposition la condamne, et le 31 janvier 1917, annonce une guerre sous-marine tous azimuts ce qui contraint finalement les Etats-Unis à rompre ses relations diplomatiques avec l’Allemagne. Finalement, "à son grand désespoir", Woodrow Wilson est obligé de déclarer la guerre à l’Allemagne le 6 avril 1917, suite à la découverte de la dépêche Zimmerman dans laquelle l’Allemagne proposait une alliance au Mexique de façon à lui permettre la reconquête des territoires mexicains accaparés par les Etats-Unis lors de la Guerre du Mexique (1846-1847) qui fit perdre au Mexique une partie du Texas (avec la fixation de la frontière sur le Rio Grande), la Californie, l’Arizona, le Nouveau Mexique, le Nevada, l’Utah, le Colorado et le Wyoming.

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