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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 11:24

Lors du congrès du Modem à Arras le 5 décembre 2009, j'avais insisté sur le caractère irrécouvrable des dettes contractées par les Etats Européens. François Bayrou avait déclaré en réponse qu'il le craignait lui aussi.

 

Depuis, les crises grecque et irlandaise, et aussi maintenant la menace qui pèse sur le Portugal et l'Espagne, ont confirmé cette irrécouvrabilité, d'autant que la réponse de l'Eurogroupe, du FMI et de la BCE n'a consisté qu'en la seule imposition de politiques stériles d'austérité, les seuls vainqueurs étant encore une fois les institutions financières (banques et assurances) qui profitent d'un niveau de taux frisant le péché d'usure: comment qualifier ces taux de remboursement, quand ces taux représentent plus de trois fois la croissance des pays soi-disant sauvés ?

 

Hier, 14 décembre 2010, le think-tank britannique CEBR (Centre for Economics and Business Research) a émis l'idée que l'Euro ne pouvait être sauvé qu'à partir du moment où les Etats européens accepteraient une baisse du niveau de vie de 15% de leurs citoyens, niveau de baisse selon eux jamais atteint par des pays européens en temps de paix. Ils oublient ainsi les politiques menées dans les années 30 par Heinrich Brüning en Allemagne et par Pierre Laval en France qui ont eux effectué une baisse d'environ 30%, bordant le lit des ligues fascistes au service des institutions financières.

 

Donc, nous nous retrouvons dans la situation des années 30, avec au bout, la guerre ou à tout le moins une organisation fasciste des sociétés, seule forme possible de gouvernement susceptible  de faire accepter l'inacceptable par le biais de la terreur (cf. Naomi Klein, "La Stratégie du Choc, la montée d'un capitalisme du désastre" chez Leméac/Actes Sudl) . Une baisse du niveau de vie de 15% est inacceptable. Mais il ne nous reste alors que la dissolution de l'Euro, ce qui est également inacceptable, pour une seule raison: on réintroduirait alors le ver dans le fruit, étant entendu que le rétablissement des monnaies anciennes créererait un fabuleux pactole pour les marchés de dérivés sur les taux de change tels le FOREX. Nous aurions alors l'assurance d'une baisse du niveau de vie allant bien au-delà des 15% annoncés par le CEBR.

 

Hélas, c'est la voie du maintien de l'Euro actuellement empruntée par l'Eurogroupe et qui devrait être entérinée lors du Sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement ce prochain jeudi 16 décembre 2010 à Bruxelles. Je clame "hélas", car nos gouvernements ne font pas preuve de créativité et, pour cela je les plains, j'en ressens même de la pitié pour eux. On ne peut en effet, tel que Christine Lagarde et beaucoup d'autres le considèrent, gérer le budget des Etats tel celui d'un ménage ! Ils oublient le principe de souveraineté, ainsi que j'ai pu l'exposer dans l'article Le plan B pour l'Europe que j'ai publié il y quelques temps. Toutes ces personnes  soumises à leur couardise oublient qu'il appartient aux pouvoirs exécutifs et législatifs de fixer les règles du jeu économique, rôle qu'ils abandonnent aux marchés, mot qui recouvre en fait la définition de la synarchie financière (lire à ce sujet le livre de François Denord, "Néolibéralisme version française; histoire d'une idéologie politique" chez Demopolis que j'ai maintes fois mentionné).

 

Aussi l'image employée par François Bayrou lors du dernier congrès statutaire du Modem qui s'est réuni ce dernier dimanche, assimilant l'Europe a un troupeau de bisons pourchassé par une meute lupique est-elle des plus adéquates : pour se protéger des loups, les plus forts du troupeau de bisons forment un cercle au centre duquel sont placés les plus faibles. Cela définit le sens de la solidarité que devrait adopter l'Eurogroupe.

 

Mais, pour cela, pour nous protéger des loups, nous devons exercer notre souveraineté. J'ai déjà esquissé quelques principes dans mon article L'Europe, définitivement l'Europe.

 

Dans les prochains jours, j'émettrai un certain nombre d'articles, dont le plus important adressera le problème de la dette que l'on doit, avant de la rembourser, recycler en crédit pour la construction d'infrastructures utiles, ce qui je pense peut amorcer une véritable Renaissance, à partir du moment où ces infrastructures sauront être innovantes et augmenter encore notre productivité.

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