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20 septembre 2010 1 20 /09 /septembre /2010 18:28

 

Si on analyse les réactions actuelles à la crise des Etats, et notamment celle de la Grèce, on ne peut que faire un parallèle avec la crise de 1929 et qui s'est manifestée en Europe à partir de 1931

 

De Hoover à FD Roosevelt (1929-1941)


1929: crise de Wall Street.


Hoover fraîchement élu ne pense qu'à renflouer les banques et autres institutions financières, en appliquant un plan d'austérité jamais vu jusqu'alors. Résultat, le chômage s'élève à 25% de la population active quand FD Roosevelt entre en exercice.


En arrivant au pouvoir en 1933, FD Roosevelt ordonne à la Commission Pecora de déterminer les responsabilités quant à l'éclatement de la Bulle en 1929 et aux mécanismes de réponse à la Crise qui ont amené tant de précarité dans le pays. La conclusion est de renouer avec une politique de crédit à l'infrastructure économique de base de style hamiltonien (ce qui donne le New Deal à partir de 1934). L'autre conclusion est la séparation drastique des banques de dépôt, banques d'affaires et compagnies d'assurances. Le gouvernement des Etats-Unis suspendit pendant une semaine les activités de tous les établissements bancaires des Etats-Unis pour déterminer la réalité de leurs actifs et de leurs passifs. Nombreuses furent les banques fermées à cette époque, celles-ci ne possédant que des titres sur des dettes insolvables. Ces dettes furent tout simplement effacées. Mais, dans le même temps, les dépôts et crédits des particuliers et des entreprises participant à l'économie réelle furent sauvegardés, ce qui permit le redémarrage de l'économie réelle. Quand les japonais frappent Pearl Harbor en décembre 1941, le chômage ne se mont plus qu'à 10% de la population active (soit une baisse de 15% sur 7 ans !) tandis que la construction d'infrastructures (Tennessee Valley Authority par exemple) a renforcé considérablement l'appareil industriel américain, grâce auquel les Etats-Unis vont pouvoir faire face au Victory Program piloté de fait par Jean Monnet.


Les mêmes politiques d'austérité seront appliquées par les gouvernements Brühning en Allemagne et Laval en France. Une brève interruption sera exercée par le Front Populaire, Léon Blum s'attachant à appliquer le plan rooseveltien en cours. Des manœuvres de bas étage l'écarteront bien vite du pouvoir au profit de Daladier à l'immobilisme pathétique.

 

Après la Guerre


En 1945, en complément du dispositif Glass-Steagall, la Conférence de Bretton Woods établit la parité fixe des monnaies entre elles basées sur le dollar, lui-même rattaché à l'Or.

 

La conjonction de ces dispositifs, permit une croissance sans précédent (les Trente Glorieuses). En France, au travers de l'institution du Plan par C. de Gaulle et Jean Monnet, avec Louis Armand et Jacques Rueff, une politique de crédit à l'infrastructure économique de base (agriculture, énergie, transports, aérospatiale, énergie) fut mise en œuvre avec les résultats que l'on sait: le plein emploi accompagné d'une élévation du niveau de vie comme jamais vu auparavant en France.

 

De même, en Allemagne, Konrad Adenauer renégocia le remboursement des réparations dues par l'Allemagne au titre des deux guerres mondiales. Il obtint que ces réparations ne seraient remboursées que sur les profits tirés des exportations allemandes. Pour aboutir à ses fins, il plaça le montant des réparations dues auprès du Kreditanstalt für Wiederaufbau (littéralement administration du crédit pour la reconstruction), qui émit là aussi les crédits nécessaires à destination de l'infrastructure économique de base avec une particularité: l'investissement massif dans les industries de machines-outils à très forte valeur ajoutée, machines-outils destinées notamment à l'exportation. Là encore, plein emploi, forte élévation du niveau de vie et fin du remboursement des réparations en 1982.

 

Mais, pendant tout ce temps, des cercles financiers cherchent à tout prix à faire tomber ce système de crédits, au profit d'un système basé sur l'exploitation des dettes. C'est la grande époque d'expansion de Milton Friedman et de ses sbires de l'école de Chicago.

 

15 août 1971: alors qu'une simple dévaluation du dollar vis-à-vis de l'Or eut suffi, Nixon met fin au système de Bretton Woods de parité fixe entre les monnaies, en prononçant la désindexation du dollar. Ceci eut pour résultat d'obliger les industriels à se protéger des risques de change en investissant sur les premiers produits dérivés: pour la première fois depuis, la guerre les entreprises devaient consacrer leur trésorerie à autre chose que leur corps de métier.

 

3 janvier 1973: en France, l'article 25 de la loi 73-7 stipule que «Le trésor public ne peut-être présentateur de ses propres effets à l'escompte de la Banque de France», oblige de fait l'Etat à contracter des emprunts auprès des banques, avec tous les alea que cela comporte, notamment en ce qui concerne les taux d'intérêt. Tout projet d'équipement infrastructurel à long terme manque dès lors de visibilité. De fait, ces investissements diminuent immédiatement de façon considérable. Les grands projets sont abandonnés les uns après les autres, l'abandon de la politique aérospatiale étant le marqueur définitif de cette déchéance. Après les Trente Glorieuses les Trente Piteuses se mettent en place: augmentation quasi-continue du chômage, diminution du niveau de vie réel (là où dans les années 60, un salaire suffisait dans le ménage, il en faut maintenant deux), explosion des déficits: entre 1979 et 2006, la dette publique est passée en euros constants, après prise en compte de l'inflation, de 279 milliards (soit 21% du PIB) à 1150 milliards (soit 64% du PIB). Cette phrase sibylline reprise sous une autre forme par l'article 104 du Traité de Maastricht, a fait plus de mal à l'économie que les deux chocs pétroliers. Notons que de telles mesures furent aussi prises dans beaucoup d'autre pays, à commencer par l'Allemagne, qui vit les capacité de financement du Kreditnstalt für Wiederaufbau (KfW) notoirement réduites.

 

Octobre 1987: pour conjurer le krach, Alan Greenspan ouvre tout grand les vannes de la Réserve Fédérale. Cela va alors être l'orgie des banques, hedge funds qui spéculent à tout va sur des produits dérivés, puis des dérivés de produits dérivés, puis des dérivés de dérivés de dérivés, tous construits sur du vent, sans que rien ne semble pouvoir les rassasier.


1992: Le plan Delors pour la reconstruction de l'infrastructure de l'Est avec l'établissement de liens de transports avec l'Ouest en vue de l'intégration accélérée des pays de l'Est à l'Europe est recalé par les parlements occidentaux, car non compatible avec les critères de Maastricht (les fameux 3% de déficit des budgets nationaux). Ce rejet aboutit à la stagnation du niveau de vie dans les pays de l'Est, ceux-ci offrant en revanche une compétitivité impossible à supporter par les pays de l'Ouest. Ceci pousse Maurice Allais (le seul Prix Nobel d'Economie français) à écrire dans Marianne daté du 5 décembre 2009 (n°659):


"Les grands dirigeants mondiaux préfèrent (…) tout ramener à la monnaie, or elle ne représente qu'une partie du problème. Crise et mondialisation: les deux sont liées. Régler seulement le problème monétaire ne suffirait pas, ne réglerait pas le point essentiel qu'est la libéralisation nocive des échanges internationaux. Le gouvernement attribue les conséquences sociales des délocalisations à des causes monétaires, c'est une erreur folle. (…) Alors que les fondateurs du marché européen à six avaient prévu des délais de plusieurs années avant de libéraliser les échanges avec les nouveaux membres accueillis en 1986, nous avons, ensuite, ouvert l'Europe sans aucune précaution et sans laisser de protection extérieure face à la concurrence de pays dotés de coûts salariaux si faibles que s'en défendre devenait illusoire. Certains de nos dirigeants, après cela, viennent s'étonner des conséquences !"

 

Conclusion


Depuis la crise de 2008, le G20 s'est contenté de mettre en place un plan de renflouement des banques, alors que l'on devrait mettre en place un programme d'équipement plus ambitieux encore que celui de Jacques Delors en 1992, de façon à écraser, en Europe au moins, les disparités criantes de compétitivité entre l'Est et l'Ouest, en favorisant une augmentation substantielle des pouvoirs productifs et d'achat à l'Est.


Les Banques ont bénéficié d'énormes apports de la part des états qui ont creusé encore le trou des dettes publiques. Les banques, grâce à leurs structures conglomérées ont de nouveau massivement investi sur les marchés purement financiers, ce qui leur a permis de rembourser ces apports en moins d'une année. Dans le même temps, seule une infime partie de ces apports a été allouée aux crédits à l'économie physique réelle. D'autre part, lorsqu'elles paient un intérêt de 1% sur les crédits accordés par la BCE, elles prélèvent un intérêt compris entre 3 et 4% sur les prêts qu'elles accordent aux états pour le renflouement de leurs dettes publiques qui ne cessent de se creuser.


Aujourd'hui, je ne me fais plus d'illusion: le système financier international est arrivé au bout du bout. Les états ne sont plus capables de faire face à leurs dettes. Elles doivent être recyclées et les états souverains doivent imposer leur avenir et le bonheur de leurs citoyens aux institutions financières.


Ne faisons pas comme Trichet qui lorsqu'on lui parle de la loi Glass-Steagall, annone invariablement "c'est une loi américaine" et appliquons la enfin, après avoir purgé les banques de tous leurs produits pourris. Après tout, avant BNP Paribas, il y avait la BNP banque de dépôt et la Banque de Paris et des Pays Bas, banque d'affaires.


Il faut également revoir le Traité de Maastricht et les suivants pour mettre en place ce qu'aucun traité n'a prévu de mettre en place aux côté de la BCE et des banques centrales: des institutions de crédit destinés à recycler les dettes publiques au bénéfice de l'émission de crédits à destination de l'infrastructure de base.

Je suis convaincu que sera à coup sûr élu en 2012, celui qui proposera un tel programme et affichera le courage nécessaire à sa réalisation.

 

Je proposerai prochainement un article pour proposer une voie de recyclage des dettes publiques en crédits dévoués à la construction d'infrastructures efficaces.

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